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19/06/2013

Jeunes "hommes debout" de Turquie, jeunes du Brésil en révolte contre le foot opium du peuple, jeunes veilleurs de France, contre le même Moloch !

Ce dont on se plaint ne tombe pas de la lune.

Pas d'écologie humaine sans assumer la réalité ! 

taksim,brésil,veilleurs,écologie humaine

  


DidierF nous envoie ce commentaire :

<< J'aimerais aussi savoir comment se nomme le père du mensonge. Celui qui est en route a pour pères von Mieses, Hayek, Friedmann, Rand. Il explose maintenant. C'est historique.

Je suis d'accord que tout est faux. La prospérité se mesure avec l'évolution des indices boursiers. La parentalité me semble être devenue se fournir un produit de confort appelé enfant. La solidarité mondiale ressemble beaucoup à des échanges commerciaux dont le nombre doit sans cesse augmenter en espérant que s'il y en a assez tout le monde sera heureux. La solidarité européenne se fait en fonction des rapports de forces. Les banquiers font chanter tout le monde donc tout le monde est solidaire avec eux. Pour le printemps arabe, je voudrais que ce soit vrai. Mais quand je vois ce qui se passe en Syrie...

La liberté est devenue le droit de faire tout ce que l'on veut tant que l'on ne blesse personne. Cela permet de tromper un ami avec sa femme. La faute est de se faire prendre. Tant qu'il ne sait rien, tout va bien. Ça vaut pour l'homme politique et les pots-de-vin ou les gestionnaires qui truquent les comptes. L'enseignement est devenu "obtenir un geste quantifiable aussi vite que possible établissant que l'objectif est atteint". Il a cessé d'être de faire passer un savoir cohérent.

J'ajoute la croyance que le chiffre est neutre, objectif et complètement descriptif de la réalité. J'ajoute le remplacement du principe de réalité par le principe de plaisir.

Je comprends le phénomène comme le résultat de la disparition de la transcendance. Il a été déclaré qu'elle est inaccessible et impensable. Cela a évacué l'exigence de vérité. Le mot mensonge n'a plus aucun sens. Cela a rendu possible de modifier la réalité en modifiant le langage. Cela a vidé de tout sens et de toute valeur l'idée d'une relation basée sur un échange réciproque. La communication était une recherche commune de la vérité. Elle est maintenant un synonyme connoté positivement de la publicité. Etc... Tout cela se ramène, à mon avis, à la disparition de la notion de transcendance dans la vie de tous les jours. >>

 

On pourrait ajouter quelques autres symptômes du même type [1], mais le constat de DidierF est quasi-complet.

Son diagnostic est plus que radical, puisqu'il porte sur l'oubli de la transcendance (et non pas seulement sur les causes immédiates qui sont économiques).

Dans son acception surnaturelle, le mot transcendance désigne Dieu Créateur et Rédempteur. Servir cette transcendance est la vocation du croyant.

Mais il a aussi une acception temporelle. On peut appeler « transcendant » tout ce qui « nous dépasse » (au bon sens du terme) dans le destin collectif, comme le dit un commentaire de Feld... En ce sens, « servir ce qui nous dépasse » est aussi la vocation de l'enseignant, du politique, du militaire, etc.

Entre l'acception temporelle et l'acception surnaturelle de l'idée de transcendance, il n'y a pas conflit (comme le croient les idéologues  laïcistes) mais complémentarité (comme le savent les réalistes laïques).

Ca ne veut pas dire que le curé vaille mieux que l'instituteur (comme Sarkozy l'avait dit dans ce monument d'athéisme pieux que fut le discours de Latran). Mais ça peut vouloir dire que l'instituteur, si sa pédagogie renouait avec le principe de réalité [2], renouerait avec une forme temporelle de transcendance. Même chose à propos de l'écologiste, etc... Et les deux formes de transcendance, temporelle et surnaturelle, peuvent converger si elles sont servies par des gens de bonne volonté. Là (et là seulement) est la possibilité d'une « écologie humaine » qui soit autre chose qu'un club de bonnes intentions. Des milliers de Français LMPT en ont pris conscience et s'engagent sur ce chemin, qui peut mener loin.

Quant je dis : mener loin, je veux dire : faire naître un phénomène civique entièrement neuf. Non un repli sur des bastions (?), mais, au contraire, une fraternisation au delà des différences et des anciens préjugés, à partir d'une indignation et d'une révolte partagées. Contre quoi ? Contre le bulldozer libéral, qui s'est emparé du monde et qui le rase pour en faire un unique espace de profits à court terme, détruisant au passage les cultures et les spiritualités - c'est-à-dire le sens de la vie.

Nous constations hier que des formes inédites de protestation surgissent partout, de « l'homme debout » de la place Taksim aux « veilleurs » des villes françaises et aux jeunes révoltés de Sao Paulo... Il faut méditer ce signe. Il se dresse contre le Moloch du libéralisme global ! Raser le parc d'Istanbul pour y faire un centre commercial géant, imposer le mariage unisexe et le business qui va avec, écraser d'impôts les Brésiliens pour financer le Mondial opium du peuple : c'est la logique du Moloch.

Abattons l'idole ! Comme vient de le dire le pape François : « aujourd'hui un chrétien, s'il n'est pas révolutionnaire, n'est pas un chrétien. » [3]


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[1]  par exemple la fonction militaire assujettie à des intérêts qui ne sont plus ceux du pays (et tendanciellement remplacée par les agences de mercenaires privées)...

[2] en se libérant de l'idéologie officielle que DidierF définit très bien : «L'enseignement est devenu "obtenir un geste quantifiable aussi vite que possible établissant que l'objectif est atteint". Il a cessé de faire passer un savoir cohérent... »

[3] http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/06/18/le-pape-...

 

 

Commentaires

DIEU ARGENT

> La liberté est devenue aussi le droit de tout faire tant qu'on ne blesse pas la circulation du dieu argent de poche en poche.
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Écrit par : Gégé / | 19/06/2013

IL SE PASSE QUELQUE CHOSE

> Il se passe quelque chose.
Jamais il y a encore quelques années on n'aurait pu lire ce genre de chose chez des cathos** ; c'était pour reprendre votre expression le règne du "sanctus bisunurs".

**Même si de notre côté,nous le pensions déjà depuis longtemps, on n'entendais pas autant de gens dire des choses qui vont ds ce sens.
L'erreur par définition porte en elle-même le germe de sa propre destruction.
Elle ne tient pas compte des réalités et elle ne le peut pas puisqu'elle n'existe pas par elle même.
Que la réalité soit la marche qui mène à la vérité et que la foi n'est pas "off shore de la vie ", il est de moins en moins nécessaire de l'expliquer.
Il y a ne serait-ce qu'un an, ce n'était pas le cas.
Au moment où l'on croit que tout va très mal, que tout semble perdu, le renversement arrive et il vient toujours de la base.
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Écrit par : E Levavasseur / | 19/06/2013

COMMENT SAUVER LE FOOT DU FRIC

> "La liberté est devenue aussi le droit de tout faire tant qu'on ne blesse pas la circulation du dieu argent de poche en poche."
Et elle glisse rapidement vers une ferme injonction d'accélérer cette circulation, en achetant et consommant sa dose de plaisir trademarkée.
Puisqu'il est question dans le titre du football, une petite réflexion sur ce sport. Après Gueugnon, Grenoble, Strasbourg, et bien d'autres moins connus ou cotés, le CS Sedan est au bord du dépôt de bilan et de la liquidation, en dépit de son stade, son centre de formation, son public, son âme. Loin des feux de la rampe des chaînes à péage, les clubs amateurs et semi-pro, mais aussi les plus modestes clubs pros sont pratiquement tous en danger. En cause: des rentrées d'argent insuffisantes par rapport, notamment, à la hausse des salaires, qui rend l'équilibre budgétaire impossible. En France, cela vaut les foudres de la DNCG (ailleurs, rien). On peut critiquer des clubs vivant au-dessus de leurs moyens, mais le fait est qu'il devient quasiment impossible de payer ce que réclament les joueurs avec ce que la L2 ou le National rapportent vraiment (compte tenu de leur exposition TV quasi nulle). L'irruption dans ce sport de mécènes-flambeurs qui ne se soucient pas de perdre des sommes folles, faisant succéder au foot-business le foot-Crazy Horse où les messieurs financent leurs danseuses, accélère encore le mouvement: tous les salaires sont tirés vers le haut, les droits TV n'augmentent que pour les mieux classés de Ligue 1. A ce rythme, que va-t-il se passer ? Vraisemblablement l'instauration de la Ligue européenne fermée, projet et épouvantail à la fois depuis tout juste vingt ans. Mais la situation est devenue si calamiteuse que désormais, un tel projet prendrait des allures salvatrices: le sport football se verrait amputé des clubs à mécènes-flambeurs et libre de retrouver un équilibre qui en serait largement déconnecté, à condition évidemment de réglementer les flux d'argent de l'un vers l'autre. On redécouvrirait peut-être ce qui a fait de ce sport le roi des sports populaires, avant que de devenir un all-star game télévisé. Un football, sinon bio, du moins... humainement et sportivement écologique ;) Quant au petit crazy horse de messieurs les milliardaires, on lui demandera simplement de vivre sa vie et son inéluctable dépérissement à ses propres frais.
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Écrit par : Phylloscopus / | 19/06/2013

LE POSTMODERNE

> Dans le sens de ce que vous ajoutez au texte de DidierF, entendu il y a quelques jours à RND ce raccourci peut être lapidaire mais, pour cette raison bon et facile à retenir:
"La modernité, commencée au 16e s. c'était l'abandon de la transcendance pour la raison -qui plaçait encore des bornes- ; la post-modernité, l'abandon de la raison au profit de la volonté".

PH

[ PP à PH - La formule est excellente. De qui est-elle ? ]

réponse au commentaire

Écrit par : Pierre Huet / | 19/06/2013

ELLUL

> Je rapproche le contenu de ce billet des réflexions qui me sont venues à la lecture de l' "Exégèse des nouveaux lieux communs", de Jacques Ellul, et particulièrement du chapitre "Il n'est de science que chiffrée". Ellul n'a pas son pareil pour mettre en pièces les idées reçues, les bassesses et les lâchetés de la pensée post-moderne. Roboratif !
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Écrit par : cristiana / | 19/06/2013

PUBLICITE

> Oui, je crois que Didier a sans doute tout dit quand il dit que "la recherche du plaisir a remplacé la recherche de la vérité" ou du moins qu'il passe avant celle-ci. Les 2 sont importants mais la vérité doit être première, ce n'est plus le cas aujourd'hui.
Le monde vit dans le gratuit, ce dont nous nous félicitons. Mais le gratuit est en réalité possible que par l'intrusion de la publicité. Or qu'est-ce la publicité sinon dans la grande majorité des cas la promotion de plaisirs par des mensonges (à minima il suffit d'avoir pour être heureux, or l'homme a d'abord été fait pour la communication et non pour posséder).
Petit exercice : allez consulter consulter le(s) sens du mot "publicité" par un moteur de recherche classique par exemple le célèbre Wikipédia, puis par le portail du CNRTL (Centre national de ressources textuelles et lexicales) puis faites pareil pour le mot "réclame". pour le premier il y a de fortes nuances (ou absences), pour le second il n'y a rien en commun !!!
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Écrit par : franz / | 19/06/2013

@ P.H.

> Je crains que nous ayons dépassé la "post-modernité" (abandon de la raison au profit de la volonté").
Ne sommes-nous pas la primauté du plaisir.
Je pourrais ajouter une petite blague :
2 hommes au comptoirs ; l'un avec son journal en main dit à l'autre "tu savais ça, un article dit que les 2 plus grands fléaux sont l'ignorance et l'indifférence " ;
l'autre de lui répondre "je ne sais pas et je m'en fous" ...
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Écrit par : franz / | 19/06/2013

@ P Huet

> excellente formule qui va permettre de synthétiser des paragraphes entiers en une phrase !
la crise a commencé au XVIe siècle.
On adore puis on relativise, puis on néglige, puis on abandonne puis on s'adore soi même et parallèlement on écoute, puis on entend, puis on s'écoute parler, puis on prêche.
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Écrit par : E Levavasseur / | 19/06/2013

SUR LES CHEMINS

> Manifs, vous avez dit manifs ? Mais quid après la manif ? Sinon la mission pour tous ?
Avec l’éclatement du collectif LMPT, la réalité nous revient en pleine gueule.
Que faire en effet, sinon partir sur les chemins deux par deux, tels des missionnaires de l’Evangile, pour plaider la vérité, la beauté et la bonté ?
Quel autre signe de contradiction offrir, en effet, à l’heure des protestations de masse que vous évoquez et qui seront immanquablement la proie des démagogues ?
En mission, trouverons-nous par exemple le courage – nous qui vivons dans la « patrie des droits de l’Homme », la France – de poser la question des libertés, de l’usage qui est fait des libertés (économiques, sociales, politiques…), de l’usage que nous faisons de ces libertés ?
Je continue à penser qu’un mouvement de Renouveau éthique et écologique des libertés (Réel) ferait œuvre salutaire en passant les droits et libertés dont nous jouissons au crible du réel… donc du bien commun, de l’intérêt général. Et sans doute cela permettrait-il de clarifier l’attitude de nos contradicteurs – le libéral libertaire, le spéculateur financier, ceux et celles qui marchandent le vivant…, tous ces individus selon lesquels revenir à une saine réalité, ce serait tout simplement… du fascisme !
Désolé de leur souffler ainsi l’idée (s’ils ne l’avaient encore eue) : mais au train où vont les choses, ce thème de « la réalité, ce fascisme » ne devrait-il pas déjà faire partie, à côté de la théorie du genre, des avancées du socialisme à la française ?
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Écrit par : Denis / | 19/06/2013

CA REJOINT

> "Entre l'acception temporelle et l'acception surnaturelle de l'idée de transcendance, il n'y a pas conflit (comme le croient les idéologues laïcistes) mais complémentarité (comme le savent les réalistes laïques). Ca ne veut pas dire que le curé vaille mieux que l'instituteur (comme Sarkozy l'avait dit dans ce monument d'athéisme pieux que fut le discours de Latran). Mais ça peut vouloir dire que l'instituteur, si sa pédagogie renouait avec le principe de réalité [2], renouerait avec une forme temporelle de transcendance. Même chose à propos de l'écologiste, etc... "

ça rejoint :

"L'amour de la Patrie ?
L'amour de ce qui vient du Père, le prochain comme la nature

Un souci de la Réalité, chemin de la Vérité

Un souci de la terre et des hommes qui fait travailler les hommes de bonne volonté, chrétiens comme incroyants : L'écologie plénière"
( www.pelepourlafrance.fr)

c'est peut-être un peu raccourcis et mal dit mais est-ce juste ?
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Écrit par : E Levavasseur / | 19/06/2013

@ Denis :

> Roland Barthes, dans les années Septantes, écrivait sans rire que la langue est "fasciste" puisqu'on ne la choisit pas. Être libre, c'est être écrivain pour maltraiter la langue, la soumettre. Michel Foucault idem : le réel est une oppression insupportable. Il faut donc tout raser. Attitude infantile s'il en est. Par ailleurs, Barthes et Foucault étaient gays. Bref.
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Écrit par : Alex / | 19/06/2013

DÈS LA FIN DU MOYEN AGE

> La formule sur la postmodernité est intéressante mais en fait dès la naissance de la modernité à la fin du moyen âge le ver était dans le fruit, ce primat de la volonté était présent avec le refus de prendre en compte les contraintes de la réalité pour donner la toute puissance à l'homme.
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Écrit par : ludovic / | 19/06/2013

@ PP

J'ai entendu cette formule à Radio Notre-Dame, dans une bribe d'émission prise en route (Vox libris? Matière à penser?), l'invité était un auteur ayant travaillé sur J. Maritain.

@ franz

On peut prendre cette formule comme englobant, en version collective, les totalitarismes car le mot volonté faisait partie du vocabulaire national-socialiste, et en version individuelle, le caprice hédoniste et le droit au droit.
Dans les deux cas, il y a déni de la réalité et de la raison.
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Écrit par : Pierre Huet / | 20/06/2013

> Ca surprend de se lire comme ça.
Pour moi, la transcendance commence avec ce qui me dépasse. C'est d'une facilité sidérante à observer. Dès que je regarde un objet, une personne, un acte et même un concept, je suis dépassé et donc je rencontre la transcendance.
Elle mène, selon moi, automatiquement à Dieu. Il n'y a rigoureusement aucune contradiction entre les deux. Au contraire, il me semble que Dieu me garantit que ce qui me dépasse à un sens et que je peux donc le rencontrer en confiance.
Je peux prendre le risque de rencontrer l'Autre et tout ce qui est autre. Si je peux en prendre conscience, je peux le rencontrer. Je n'en ferai jamais le tour. Je ferai des erreurs dans ma relation avec lui et il en fera avec moi mais nous pourrons nous entendre et nous comprendre. Je ne pourrai jamais le dominer car il m'échappera toujours un peu. Il ne pourra jamais me dominer car je lui échapperai toujours un peu que je le veuille ou non. Nous avancerons en tâtonnant mais ce sera bon pour les deux.
La faute devient de persister dans une erreur quand on observe que c'en est une.
Pour l'idée du 16e siècle, j'associe le début de toute cette histoire à l'intuition fondamentale de Descartes. Il était dans une cabane, seul, en hiver. Il a eu l'idée de jeter tout ce qu'il avait appris pour le reconstruire dans son esprit en un ensemble cohérent, beau, logique. Il s'est isolé dans sa boîte crânienne. Il y a vu un monde qui lui a plu. Une des conséquences est que Dieu est passé d'une personne à un être abstrait et lointain. Les efforts que Descartes a fait pour sauver la foi de son intuition sont admirables et sont un échec historique. Un de ses disciples, La Mettrie, en a logiquement évacué Dieu. Il cessait d'avoir un rôle. Cet isolement dans le cerveau de la personne a rendu "Les Lumières" possibles. M Sigaut a trouvé un mot de Voltaire disant quelque chose comme "la masse vit dans l'obscurité et est éclairée par quelques uns qui sont nourris par elle". Ces quelques-uns avaient comme rôle de s'asseoir à un bureau, de réfléchir à la solution d'un problème et d'appliquer cette solution quelqu'en soient les conséquences. M Sigaut décrit des famines provoquées par des gens qui se sont isolés pour faire une magnifique construction intellectuelle posant la solution au problème sans s'inquiéter de la réalité. C'est le choix de Descartes mis en application. Cet isolement a donné ensuite des disputes terribles sur la notion de transcendance. Kant en a écrit sa "Critique de la Raison pure". Le but avoué dans le chapitre 1 est de scientiser la pensée humaine. Je retrouve là le schéma de Descartes d'une construction magnifique dans un esprit isolé. La transcendance en est évacuée complètement. Cette construction est faite sans contact avec la réalité. Seule la Raison est utilisée. Le travail fait là est extraordinaire et, selon moi, il a servi à déclarer que la transcendance est insensée et impensable. Je n'ai pas dépassé le chapitre 1 où Kant crée des classes de jugements et de je ne sais plus quoi car je n'ai pas pu faire rentrer mes pensées dans cette construction. Je pense que le reste est une démonstration fort bien faite que la transcendance est une ânerie et qu'il faut la laisser tomber. Naturellement quand on s'isole de la réalité, elle n'a aucun sens.
Je suppose ensuite que les idées de Kant ont posé des problèmes aux penseurs. Je les vois assez se disputer avec des arguments rationnels sans pouvoir s'entendre. Comme il n'y avait plus de transcendance dans leurs discussions, leurs relations devaient être vraiment tendues. Hegel, selon moi, a tenté de prendre cette situation, d'en construire un système de pensée intégrant les oppositions et que dans les oppositions il y avait moyen de trouver une synthèse qui ne devait plus être modifiée. Ses disciples ne se sont pas entendus. Il a donc échoué. Dans l'affaire, on a perdu les gens, les relations, la réalité. La dispute a donné naissance à plusieurs réalités construites par la raison. Nous entrons là dans l'idée que la réalité se construit, qu'elle est relative, qu'il y en a plusieurs, qu'elle reflète les relations de pouvoir. Ce genre d'idées a influencé Mieses et Hayek.
Tout cela a une force énorme. Cette approche de la réalité permet de se faire des opinions cohérentes, logiques et donc de pouvoir décider très vite, sans le moindre doute, de ce qui doit être fait et en plus d'agir sans remords si jamais votre idée a des conséquences du genre "Shoah". Je pense ici à la révolution industrielle qui a eu des "dégâts collatéraux".
Nous vivons le triomphe absolu de ce chemin suivi depuis Descartes. Nous vivons l'apogée de ce monde pensé, virtuel. Nous en sommes à rejeter la biologie de nos corps pour aller plus loin dans ce virtuel.
Un avertissement pour finir. Je décris là ma vision de la chose. Il y a vraiment beaucoup d'autres choses à dire. Je suis convaincu que cette vision est dans le meilleur des cas partielles. Si une faute s'y trouve, j'apprécierai d'en être averti. Si c'est fait en respect mutuel, je serai votre homme. Sinon, je crains fort déclencher une bagarre.
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Écrit par : DidierF / | 20/06/2013

MATIÈRE À PENSER

> C’était "Matière à penser", émission du 12 juin rediffusée le 15 juin : « Maritain : 40 ans après sa mort, qu’en retenir ? »
Nous avons pu écouter l’historien Florian Michel, qui est fréquemment invité par Moracchini, et Christophe Geoffroy, le directeur de 'La Nef'.
Je crois bien me souvenir que la formule citée par Pierre Huet est de Geoffroy.
Florian Michel parlait de la réputation de sainteté qui a accompagné Maritain de son vivant. Avec une anecdote croustillante : une craie qu'il utilisait pour ses cours a été transformée en relique par ses anciens élèves !
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Écrit par : Blaise / | 20/06/2013

Gégé,

> Joli. La drogue en est un exemple. Un libéral cohérent avec lui même est d'accord de libéraliser l'usage de la drogue. Ça pourrait se nommer "la drogue pour tous". Les armes et le sexe sont aussi des produits avec un marché. Vu qu'ils ont un marché répondant à une demande, ce sont des bonnes choses.
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Levavasseur,

Oui. Il se passe quelque chose. C'est énorme. Ce n'est pas en gestation. Nous sommes dans les affres de la naissance. Ça ne va pas être agréable mais ce sera génial. Quoiqu'il arrive, ça en vaudra la peine. Nous ne serons pas tous là à l'arrivée mais je pense que c'est un truc où même la mort n'est pas un prix trop cher payé. Il y a une énergie et une vie qui sont là, qui me poussent, me dérangent, me perturbent, me soutiennent, me forcent à avancer, me forcent à vivre. Je n'ose pas nommer ce truc car j'ai trop peur de dire une connerie mais je sens fortement qu'il est bon.

Phylloscopus,

Je crois bien que c'est l'arrêté Bosman qui a provoqué tout ça. Il a été posé par Bruxelles que la libre circulation des joueurs ne peut pas être entravée. Sans cet arrêté, les clubs milliardaires ne pourraient pas s'offrir toutes ces vedettes et les salaires n'auraient jamais pris l'ascenseur. Je ne suis pas un fan de foot, par contre je remarque que cet arrêté montre ce que la libre circulation libérale donne comme résultat.

Pierre Huet,

J'aime énormément cette idée. Elle résume bien le problème actuel. Je pense que la volonté a sauté avec les années 60, l'école de Francfort, Margaret Mead, Sartre et Simone de Beauvoir.

Cristianna,

Je note "Exégèse des nouveaux lieux communs"

franz,

Le plaisir existe. Je le ressens sans problème. Il est présent. Ce qui m'ennuie beaucoup est qu'il passe en premier.
Impressionnant. J'avais oublié le mot "réclame". C'est sec, court et net dans wikipedia. Pour la publicité, c'est beaucoup plus long et fourni et est décrite en première ligne comme une "forme de communication".

Joli, le dépassement de la post-modernité par le plaisir. Des gens ont employé le mot hypermodernité pour parler de ce qui vient après la post-modernité. Le post-modernisme serait une désintégration de la réalité dans les esprits pour la remplacer par la volonté des personnes. Comme l'opération est une réussite de première grandeur, il ne reste plus rien. Lacan avec la page blanche de l'esprit de l'enfant ou deBeauvoir avec son "on devient femme" illustrent pour moi ce point. Il n'y a plus rien dans les esprits qui ne vaille la peine d'être connu. Ça laisse toute la place pour les sensations agréables. Il faut les faire naître à n'importe quel prix car leur présence fait que l'on se sent vivre. Leur absence est vécue comme une mort. Ça me rappelle la description de la perversion par Sibony.

Le coup de la blague est excellent. Elle décrit bien un sentiment d'indifférence à l'autre et à la réalité.

Denis,

Pour l'idée de fascisme, ne vous en faites pas. Je l'ai déjà vue et rencontrée ailleurs. Etre facho, pour un antifa est, à mon avis, vouloir s'en tenir au réel et vouloir vivre en conséquence.
Partir en mission est une bonne idée. Les chrétiens sont le sel de la terre. C'est notre mission.

Dans toutes les rencontres, je pense que vous pouvez écouter. Vous recevez ce qui vous est donné. Vous ajoutez cela à vos connaissances et à votre savoir. Vous en tirez des conclusions. Vous les transmettez en respectant ce qui est dit. Le problème est de ne pas sauter au plafond quand c'est une connerie. Traitez là comme si c'était une vérité et essayez de la faire coller avec ce que vous en savez. Dans mon expérience, cela donne deux choses. j'apprends des choses nouvelles et je me brouille avec tous les porteurs de discours en désaccord avec ce que je connais du réel. Un autre problème est de partir du point de vue qui vous est présenté. Ce n'est pas facile. Ça marche. Ne lâchez pas le morceau. Si c'est réel, ça doit être accepté. Si c'est refusé et ça arrivera, vous les présentez sans retirer une virgule. Tenez bon. J'ai été déclaré fou par au moins une de mes relations. Je pense que mon état empire.

Levavasseur,

La Patrie n'est possible que dans une relation de transcendance. L'amour ne me semble possible que si l'Autre existe. Sans Autre, pas d'amour.

Recevoir avec amour ce qui vient vers vous me semble une conséquence immédiate de cette idée. Je crois même savoir que les ennuis, les tuiles, les drames, les emmerdeurs et autres sont à recevoir avec amour.

Sans Réalité, pas de Vérité. S'en soucier est bien naturel à mes yeux.

Je ne peux pas concevoir de Réalité sans terre et sans hommes. Comme cette Réalité nous dépasse dans tous les sens du mot transcendance, elle n'est pas notre objet, notre chose. Nous sommes ses hôtes et je ne fais pas tout ce que j'ai envie quand je suis chez quelqu'un d'autre. Nous en avons le libre usage. Ça ne veut pas dire que j'a le droit de les casser, les abimer, les détruire. J'ai le devoir d'en faire un usage modéré correspondant à ce dont j'ai besoin, pas plus. Il y en a d'autres qui ont ou peuvent en avoir besoin.

J'ai un peu rallongé vos paroles mais je pense que la notion de transcendance comme je la comprends. Vous avez mis le doigt sur plusieurs conséquences de l'existence de cette Réalité.

Alex,

Avec Barthes et Foucault, vous me faites penser à une analyse structuraliste d'une crucifixion de Goya. A la fin, le tableau était devenu une ligne horizontale et une ligne verticale. Le petit détail du type cloué sur cette croix avait disparu. Cette analyse m'a marqué. À l'âge où je l'ai lue, j'appréciais déjà ce peintre comme un génie. Barthes, je ne connais pas. Pour moi, Foucault est celui qui a ramené toutes les religions, philosophies et sciences à des signaux vides de sens et parfaitement interchangeables. C'est une abomination à mes yeux.

Vous confirmez mon idée de fascisme au sens actuel du terme.

Qu'ils aient été gays ne joue, à ma connaissance actuelle, aucun rôle dans cette histoire.

Ludovic,

Vous m'incitez à penser que la modernité est née avec le nomimalisme en plein Moyen-Age. Ce que j'en connais me dit que le sens du mot dépend de la volonté de la personne qui le prononce. Tout le reste est en germe dans cette idée.

Patrice de Plunkett,

Je crains d'avoir été trop long. Mais pour une fois que j'ai du répondant avec cette idée, je me lâche.

Écrit par : DidierF / | 20/06/2013

> La citation entendue sur Radio Notre Dame et citée par Pierre Huet et Blaise est de Christophe Geffroy, directeur de La Nef, dans la remarquable émission de Pierre Moracchini "Matière à penser" sur Jacques Maritain avec l'historien Florian Michel et Christophe Geffroy :
"La modernité, c'est l'homme émancipé de toute tutelle supérieure mais qui est encore soumis à la raison, et la post-modernité, dans laquelle nous entrons actuellement, c'est le passage de l'homme émancipé de la raison à l'homme dans lequel ne domine que la volonté, coupée de la raison".
On peut réécouter ou podcaster cette émission sur le site de Radio Notre Dame :
http://radionotredame.net/emission/matiere-a-penser/12-06-2013/
http://radionotredame.net/player/http://radionotredame.net/wp-content/uploads/podcasts/matiere-a-penser/matiere-a-penser-12-06-2013.mp3
(passage cité entre 37'50 et 38'30 ; également entre 10'30 et 11'20)
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Écrit par : Michel de Guibert / | 20/06/2013

CA VA VENIR ?

> Merci à Michel de Guibert pour le renseignement qui me permet de télécharger cette "matière à penser"
Une autre approche des sources de la mentalité individualiste actuellement dominante: "Incurable romantisme" de Jean Duchesne.
Sur ce qui se passe en France: oui, ça va venir, mais la population est tellement conditionnée à suivre les grands partis politique que son désespoir se manifeste par l'abstention plutôt que par des votes dissidents. On le voit aux résultats des élections partielles, comme à Villeneuve sur Lot.
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Écrit par : Pierre Huet / | 21/06/2013

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